Je suis photographe argentique autodidacte basée dans le bassin lémanique, en Haute-Savoie, à quelques km de Genève, entre lac et montagnes.
Ayant reçu mon premier appareil photo à 13 ans, ce moyen de capturer la réalité, d’en conserver une part, en figeant le temps, m’a toujours accompagnée, sans doute comme un ancrage (je n’ai pas vécu plus de deux ans au même endroit entre 1984 et 2012) mais cette passion n’était pas encore un métier. Jusqu’en 2018 j’ai travaillé dans les institutions européennes à Bruxelles puis au CERN à Genève après l’obtention des diplômes des Instituts d’Études Politiques d’Aix en Provence puis de Strasbourg. En 2017 je suis devenue professeur de Yoga.
En 2020 c’est devenu une évidence, la photographie allait prendre une grande place dans ma vie, même si je ne savais pas encore comment. C’est l’épreuve de 2021 qui m’a donné la réponse. Le cancer du poumon de stade 4 qui m’a traversé a marqué un tournant dans ma vie. Alors maman de deux enfants de 2 et 6 ans de deux papas, en garde alternée, contre l’avis des médecins et de mes proches, mais poussée par une force indescriptible, invisible, j’ai volontairement arrêté le traitement par thérapie ciblée (prescrit à vie) et j’ai guéri.
Depuis, j’entretiens un rapport au corps et à la nature à la fois mystique et poétique. Passée du mode survie au mode amoureuse de la vie, sa beauté, sa simplicité, sa fluidité, j’ai beaucoup investi l’autoportrait argentique, comme un acte d’amour et de remerciement envers ce cadeau qu’elle représente. La distance est abolie car je suis à la fois l’œil du photographe, le regard intérieur ainsi que le reflet. Je cherche à extraire la substance de toutes ces expériences qui sont vécues en même temps. Cette substance c’est la vie même, le courant qui traverse tout un chacun mais dont peu ont conscience. J’essaie de l’oublier le moins possible et d’en témoigner le plus possible !
Écrire avec la lumière a réellement pris tout son sens : j’aime le langage de la photographie en ce qu’il se passe de mots, mais pas de voix. L’image parle d’elle-même.
Je partage ma vision, apporte mon témoignage, sensibilise en images lors d’expositions de séries d’autoportraits : Thonon-les-Bains (janvier-mars 2025), Samoëns (octobre 2025), Anthy-sur-Léman (décembre 2025).
J’exerce aussi l’art de la photographie lors de :
SYNOPSIS. METASTASIS, du grec ancien changement, déplacement.
Du samedi 4 au vendredi 31 octobre
Galerie Barbara Thollot
4 Grande Rue, Samoëns (74)
Ma vie a basculé grâce à maladie. Mon regard s’en est trouvé bouleversé. Sur mon corps, bien sûr, mais aussi sur ma raison d’être, mon histoire, mes liens. Tout mon rapport au monde s’est transformé. La photographie est alors naturellement devenue mon médium privilégié pour témoigner de cette renaissance.
En avril 2021, à 36 ans, maman solo de deux jeunes enfants, j’ai reçu le diagnostic d’un cancer du poumon métastatique, avec des tumeurs dans plusieurs os. Tout s’effondrait, je ne tenais plus debout, pourtant cette chute brutale ne fut pas fatale. Le cancer m’a offert une autre vision du monde. La première réponse, conventionnelle, fut celle d’un traitement par thérapie ciblée prescrit à vie. Toutefois, portée par une force intérieure indescriptible, j’ai rapidement fait le choix de l’arrêter. La tumeur disparut, les os se régénérèrent. Une renaissance. Un miracle, disent certains. Pour moi, ce fut un appel profond à vivre – autrement.
La photographie s’est imposée comme le langage de cette voix intérieure — la « tu meurs » devenue « tu vis ». J’ai pu faire la mise au point sur mon passé, et surtout, poser le focus sur le présent. Aujourd’hui, je vois de la beauté partout, surtout dans l’ordinaire. Le sacré s’est glissé dans mon quotidien, qui s’est ralenti, adouci. La photographie ancre l’idée que même au cœur du chaos la lumière demeure.
À travers l’autoportrait, je dialogue avec moi-même. Je vois mon corps et ma personne qui se transforment, sujets aux émotions, aux humeurs, tout en sentant, derrière l’apparence, la puissance de l’être qui ne change jamais. Dans ce jeu entre l’apparence (la forme, le visible), et l’intériorité (le fond, l’invisible), qui requiert une présence silencieuse, la photo fixe l’instant tout en dévoilant l’éternel. J’aime me fondre dans le paysage, disparaitre dans l’image, ne faire plus qu’un avec l’environnement, pour mieux laisser émerger la vie. Cette pratique est devenue pour moi un acte de foi, de présence, d’amour.
Les images présentées ici sont comme des traces, des éclats de vérité, peut-être des ouvertures possibles pour d’autres. Elles sont une invitation à voir — vraiment.